Jean-Baptiste Baronian, La nuit,aller-retour, Christian Bourgois.
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Le goût âcre du noir.
Certains jours de pluie, on prend par désoeuvrement un roman noir, en se disant qu'on le reposera sans doute. D'ailleurs la couverture est moche, avec un travesti nu en porte-jarretelles ! Mais on se retrouve en pays connu - au niveau de l'histoire, j'entends. Le privé, minable, avocat viré du barreau, reçoit la visite d'une cliente peu soignée. Elle le conduit chez elle, et là, dans la salle de bains...
On pense à certains morceaux de blues dont on connaît toutes les notes, mais qui gardent avec l'interprète un charme un peu funèbre. C'est le goût âcre du café noir qui irrite la gorge, ou d'un ballon de rouge bu à jeun.
Avec ce livre, c'est le Bruxelles pluvieux de Jacques Brel, par un jour noir plus triste que les nuits. De pauvres êtres, de sales combines. Sous les yeux, des affiches tirées de Simenon, et dans l'oreille, des réparties de Pierre Brasseur. On en sort avec une sorte de gueule de bois, en fredonnant "Ce soir, j'attends Madeleine".