David Lodge, Jeux de maux, Rivages.
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Les couples catholiques seraient-ils refoulés ?
Malgré des passages franchement hilarants(1), le livre de David Lodge n'est pas "exactement un roman comique" (p 124). On y suit l'évolution des pratiques sexuelles de nos couples catholiques, en parallèle avec l'évolution des pratiques cultuelles et des revendications des catholiques libéraux. Le ton allègre et les épisodes cocasses ne manquent certes pas, mais la notion de "péché" inculquée par L'Eglise(2) est trop grave aux yeux de David Lodge pour qu'on n'ait pas pitié des malheurs des personnages.
Pudibonderie, intolérance, hostilité contre la contraception masquée par la célèbre méthode des temperatures, la responsabilité de l'Eglise officielle est lourde. L'auteur précise (p 139) que les personnages de ce roman représentent des personnages de la vie réelle.
Pour qui souhaite une lecture divertissante, je conseillerais donc de lire les trois premières parties, environ 125 pages. Moi qui suis curieux des comportements catholiques, j'ai lu avec intérêt ce livre souvent drôle, généralement bien mené, peut-être un peu longuet sur la fin.(3)
Certes tous les catholiques de cette époque n'ont pas été aussi "coincés", voire victimes d états dépressifs,- ou de troubles psychiatriques !, mais on reste songeur devant des doctrines religieuses - le catholicisme n'est pas seul en cause, qui font du mépris de la chair un solide pilier de leur fondement moral.
(1) Pour Dennis, la progression dans les "plaisirs charnels" est un parcours du combattant :
"En novembre 1952, quand the Mousetrap ouvrit dans West End, il fut autorisé à poser une main sur le corsage [d'Angela] à l'endroit de sa poitrine. En 1953, l'année du couronnement, alors que Hilary et Tenzing escaladaient victorieusement l'Everest, Dennis parvint à persuader Angela, quand elle était assise sur ses genoux, de se laisser caresser la jambe, aussi haut que la limite de ses bas. En 1954 [...] Roger Mile courut le mile en quatre minutes. Dans le même temps, Dennis eut le droit de glisser sa main à l'interieur du corsage d'Angela et de la poser sur un des bonnets du soutien-gorge. Puis il y eut un revers. Un jour Angela sortit en pleurant du confessionnal du curé de la paroisse..."
Violet, au confessionnal, se lance dans des expériences dignes de "que choisir" :
"Elle confessa les mêmes fautes à différents prêtres et put ainsi comparer les pénitences qu'on lui donnait."
(2)
Violet a des troubles psychiatriques.
"- Quel est le probléme [de Violet] exactement ? [...]
- Personnellement, j'accuse son éducation religieuse[...] C'est le conditionnement pendant l'enfance qui provoque les dégâts.
- Ecoutez, tous les catholiques de naissance ne sont pas...
- Névrosés ? Mais cette religion encourage les névroses. En tout cas cette sorte de catholicisme dans lequel fut élevée Violet. Une pension tenue par des soeurs en Irlande. Des sermons sur l'enfer, une obsession permanente à propos du péché, de la pureté, de ce genre de choses.
-Ce n'est plus comme ça maintenant.
- Vraiment ? je suis content de l'apprendre..."
(3)David Lodge aurait-il tendance à exploiter ses filons ? on remarque de fortes similitudes d'inspiration entre "la chute du british museum" et "jeux de maux".