rotko Langue pendue
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| Sujet: "L'une est l'autre", Daniel Sada (Mexique) Mar 19 Avr - 14:11 | |
| L'une est l'autre, Daniel Sada, Les Allusifs. 2922868095 Daniel Sada est Mexicain et a reçu le prix Xavier-Villaurrutia. La jaquette de "l'une est l'autre" est un peu tristounette, mais le volume, de format agréable, est souple et les pages, agréables à tourner. Les soeurs Gamal, Gloria et Constitucion, jumelles quadragénaires, se ressemblent comme deux gouttes d'eau, si on ne remarque pas certain grain de beauté sur la seule omoplate droite de Constitucion. On revient sur leur enfance, lorsque toutes deux orphelines sont adoptées par une tante, et trouvent dans les difficultés de la vie un renforcement de leur entente naturelle. A quarante ans, Constitucion, courtisée par un ranchero, s'entend avec sa jumelle pour partager, non sans états d'âmes, ce soupirant, à l'insu du paysan naïf ignorant sa bonne fortune. Le récit se veut d'apparence détachée, avec un auteur qui prend le lecteur à témoin. Il annonce à mots couverts la suite de l'histoire, passe sur les détails, fait le point, à grand renfort d'exclamations telles que "les voilà parties pour Nadadores" ou "voilà pourquoi la rupture". Il reste extérieur à l'histoire à tel point que ses protagonistes, indiscernables comme on le sait, sont désignées par leurs propriétés spécifiques :"la bavarde" ou "la silencieuse", "la victorieuse " ou "la perdante" etc... Dans la situation d'un homme abusé par des jumelles, on s'attendrait soit à un récit coquin, ou à des situations comiques. Pourtant l'humour est rare : "[...]lui caressant les cheveux pour les décoiffer, [elle] en ressortit les mains pleines de brillantine, dont elle badigeonnait ensuite en passant, peut-être par inadvertance, le costume d'un vert criard" pp 89-90. Se partager un amant n'est pas une mince affaire(!), et les jumelles pourraient en retirer des sentiments ambigus. Ca arrive, certes ! mais ça passe ). On se prend à rêver de ce qu'aurait pu faire avec une telle situation une Patricia Highsmith des grands jours,(je pense à "Mr Ripley" - "plein soleil"), ou au cinéma avec une actrice comme Isabelle Huppert. Mais on reste sur sa faim. Le roman se lit donc sans déplaisir, mais il est à mon attente ce qu'est un pain banette à un bon pain aux noix et au sésame. | |
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