Jeux de l'Ecrivain : lettre "Y."

Îci, la tâche sera difficile. Mais on pense bien sûr à Marguerite Cleenweck de Crayencourt qui prit pour pseudonyme Marguerite Yourcenar et qui, accessoirement, fut aussi la première femme à être admise sous la Coupole. Ces messieurs de l'Académie étant en effet on ne peut plus machos, Colette elle-même dut se contenter de l'Académie Goncourt ...

Le génie est si grand sous la coupole qu'il ne peut être que masculin : c'est bien connu. Et si ces messieurs se donnent de leur vivant le titre d'"immortels", c'est bien parce que les domine, souveraine, la hantise de se retrouver dans les limbes des écrivains dès que leur cerceuil aura été refermé ...

Nourrie aux sources grecques et latines, Marguerite Yourcenar passe pour un auteur austère. Mais quiconque a lu les "Mémoires d'Hadrien" demeure ébloui par la splendeur de son style. Précision, justesse du mot, force de l'expression, vérité des personnages et surtout de ce narrateur impérial exemplaire, tout cela contribue à transformer cet ouvrage a priori difficile (mais méfiez-vous des a priori) en un chef-d'oeuvre de la littérature francophone.

Qu'il s'agisse de "L'Oeuvre au Noir" ou d'Hadrien, sans relâche, Yourcenar s'interroge sur le sens de l'existence et, privilège qui n'appartient qu'aux plus grands, elle amène son lecteur à la suivre dans sa quête. Le souvenir que nous gardons de sa silhouette, toujours drapée dans un châle et fixant l'océan Atlantique de sa retraite du Maine, évoque de fait l'Hermite du Tarot qui, s'aidant d'un bâton de pélerin, progresse, lentement mais sûrement, vers l'Absolu. Ou alors Diogène qui, une lanterne allumée en plein jour, déambulait par les rues d'Athènes en cherchant désespérément un homme fait de vertu et de perfection.

Yourcenar avait l'habitude de dire que l'oeuvre qui lui apporta la célébrité, les "Mémoires d'Hadrien", n'était pas un livre qu'on écrit à vingt ans. De même, c'est un livre qu'on lit en général alors que l'âge s'en vient - comme Joyce, comme Miller et comme tant d'autres. Car c'est un livre qui, bien que traitant de désirs, de déceptions et de souffrances bien plus que de voluptés, est aussi et avant tout un livre de sérénité.

Sur Yourcenar, j'ai apprécié cet article qui s'oppose à la thèse Savigneau :

http://www.interdits.net/2001aout/yourcenar.htm

Ce site :

http://www.nordmag.com/nord_pas_de_calais/bailleul/yourcenar.htm

et Wikipédia, bien sûr :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marguerite_Yourcenar

Sans oublier cette page, si vous voulez approfondir le sujet :

http://www.netscape.fr/cat?id=eJxzZjA2MjC3YHAG0RaWYNrQwJIBADERA9M_&C=11025230533840822812.572729

Et encore une femme pour ce jeu !

Elle est coréenne mais a choisi, en 1972, de demander la nationalité belge. Elle est d'ailleurs assistante d'enseignement et de recherches à l'Université catholique de Louvain.

YUN Sun Limet a écrit un roman qui a été proposé l'an dernier pour le Grand Prix Littéraire du Parlement Européen : "Les Candidats." L'histoire en est très simple : un accident de voiture laisse des enfants rescapés. Les parents avaient laissé un testament où ils dressaient une liste d'amis et de proches susceptibles de les adopter. La question est donc soumise à ces amis et proches qui ont un mois pour se décider.

William Butle YEARS
poète irlandais né en 1865 et mort en 1939
Il obtint le prix Nobel en 1923

Extrait de la comtesse Cathleen, théâtre :
"Pourquoi faut-il que tant de pots d'argile grossière demeurent et que la porcelaine se brise"

Extrait de la terre du désir du coeur, théâtre :
"Je ne veux pour flambeaux que tes yeux"

Descendant de la classe anglo-irlandaise protestante, YEATS est le maître de toute la littérature irlandaise et de la renaissance littéraire irlandaise.

YEATS subit l'influence du théâtre japonais Nô, par lequel il renouvelle le théâtre en langue anglaise.

Son oeuvre poétique et dramatique est gigantesque. YEATS a également publié une autobiographie en trois volumes.

Kateb YACINE, écrivain et poète algérien de langue française
Son livre le plus connu : Nedjma

Je ne trouve pas d'auteurs commençant par y vivement que se soit la lettre a,b , c, d, e, f g etc.. se sera plus simple

Il est vrai que la lettre "Y" n'est pas la plus simple.

Pour Kateb Yacine, voici deux sites :

1) celui-ci est kabyle :

http://www.kabyle.com/article.php3?id_article=6395

2) celui-là situe un peu le personnage et son oeuvre :

http://www.algerie-dz.com/article339.html

Enfin, vous trouverez sur cette page quelques sites complémentaires, dont celui d'Armand Gatti :

http://www.netscape.fr/cat?id=eJwNycERACAIAzAm8qi2FN7uv5PmmxtnpztugLCRckFi2tIslXr4V9UcxAPOhQiZ&C=828494

Mon expérience de lecteur pour Yourcenar avec les "mémoires d'Hadrien" décidera peut-étre les réticent(e)s : au départ je trouvais le ton très sérieux, voire froid. L'empereur Hadrien envisageait sa charge avec toute la gravité voulue et d'autre part, pas de folklore historique ! le contexte est vécu de l'interieur, que ce soit les pbs de la securité des territoires, des rites religieux ou la conception de l'histoire. On vit donc l'époque de l'interieur d'un homme qui veut la marquer de son empreinte.
Puis le déclic s'est produit avec l'arrivée d'Antinous, belle scène de rencontre amoureuse, et à partir de ce moment Hadrien homme public et privé s'est mis à vivre sous mes yeux. J'ai compris et aimé ses élans de passion, ses chagrins, ses préoccupations, son recul face à sa charge et à ses courtisans. Pas de pathos, mais une écriture parfaite qui frémit. Un tres beau souvenir de lecture. je préfère de loin les Mémoires d'Hadrien à l'Oeuvre au Noir.
Pour la petite histoire, Yourcenar avait commencé le roman sur Hadrien puis l'avait abandonné. Bien plus tard elle retrouve le manuscrit totalement oublié dans une de ses malles et l'étincelle jaillit. Elle reprend son travail initial, et avec quel brio !

Mais c'est que tu me donnerais vraiment envie de réessayer de lire ce livre que j'avais abandonné en cours de route... il y a bien longtemps !

Oh ! Dina, si tu le peux, essaie de le lire à haute voix et savoure : c'est une perfection ! Rotko n'a pas tout à fait tort quand il parle de froideur et de gravité et l'on peut évoquer Racine. Les "Mémoires d'Hadrien" sont une splendeur. Et la fin, l'épithaphe ...

J'adore ce forum !

YOUNG Robert, auteur américain de science-fiction. Il est considéré comme un poète et un rêveur, un peu à l'instar de Bradbury. On lui prête, une certaine tendresse pour les faibles et les inadaptés, qu'il décrit, dans ses nouvelles, en héros solitaires qui affrontent des obstacles imprévus dont il triomphent.
<< Le ciel était d'un bleu profond, sans nuage, et Alpha Virginis scintillait dans tout ce bleu, jetant sa chaleur et son éclat sur le massif montagneux rappelant par son relief un giganteque corps de femmeet connu sous le nom de la Vierge......La Vierge était étendue sur le dos, et les deux lacs bleus de ses yeux regardaient éternellement vers le ciel. De l'endroit où il se trouvait, sur l'avant-bras, Marten voyait nettement se profiler les deux monts que formait sa poitrine. Ils s'élevaient à 2.500 mètres au dessus du plateau que constituait le torse, mais comme ce dernier était déjà à 3.000 mètres au-dessus du niveau de la mer, l'altitude réelle des monts dépassait 5.000 mètres. Marten ne se sentit pas découragé pour autant.........>>
Extrait de la nouvelle "La Déesse de granit" Histoires de planètes J'ai Lu Poche.

EIJI YOSHIKAWA
Ecrivain japonais contemporain (1892-1972), sa grande oeuvre réside dans La Pierre et le Sabre suivi de la Parfaite Lumière.

Yoshikawa est un peu au Japon ce que Dumas est à la France : un écrivain de romans historiques (des pavés ). La comparaison est d'autant plus facile que Yoshikawa a écrit son oeuvre majeure sur Miyamoto Musashi.
Musashi, c'est le D'Artagnan japonais : un maître des arts martiaux et grand théoricien (cf. Gorin-no-sho : le Traité des 5 roues ou des 5 anneaux suivant la traduction, bien que littéralement, ce soit les 5 éléments...), le genre de type qui survit à plus de 60 combats comme une fleur (et les premiers avec un sabre en bois!! Qu'il est fort ce Musashi ). Pour ceux qui connaîssent les arts martiaux, avant Musashi, l'utilisation des deux sabres en simultané, ne se faisait pas. C'est lui qui a instauré l'usage du maniement des deux lames shoto (wakizashi) et daïto (katana ou Tachi) à une main.

La pierre et le sabre ainsi que la parfaite lumière sont donc la vie romancée de Miyamoto Musashi, le plus célèbre rônin (samourai sans maître) de l'histoire japonaise.

L'avantage c'est que ce sont des romans particulièrement agréables à lire. Pour tous ceux qui ont un petit faible pour le Japon, il y a dans ces livres l’histoire japonaise sur la première partie de la vie de Musashi (avant qu’il ne se fasse ermite pour étudier sa propre voix du sabre). Donc, un roman plein de détails historiques et d’informations sur la vie courante au Japon de cette période (fin XVIIIième). Il faut toutefois noter que l’abondance de détails font parfois perdre le fil du récit même si l’intrigue n’est pas le point central du roman (combats un peu convenus d’avance : toute façon, Musashi peut pas mourir ).

La vie des samouraïs telle qu’elle est montrée dans les clichés en prend un sacré coup à commencer par Musashi qui est présenté comme une brute épaisse pas très douée au début (un peu boulet !) et qui va peu à peu mûrir et découvrir sa Voix du Sabre (ce qui ne l’empêche pas de se fritter si nécessaire !). Cette évolution est particulièrement bien rendue tout au long du roman. On a presque l’impression que le style évolue avec le personnage et c’est troublant.

Dernière info, pour ceux qui se laisseraient tenter, faites attention à la traduction. Je sais qu'il a été déjà traduit en français à partir de la version anglaise. La traduction d'une traduction, cela perd toujours un peu de charme!