Jeu de l'Ecrivain : lettre "Z."

Alors, voilà. Si vous le voulez bien, nous allons prendre l'alphabet et le remonter, lettre par lettre. A chaque lettre, l'internaute qui le désire peut donner le nom d'un écrivain qu'il aime (ou qu'il n'aime pas mais c'est plus rare) en nous disant au passage ce qui l'attire ou pas chez cet auteur. Et ce qui est le plus amusant dans ce jeu, c'est de citer un ou deux sites Webiens sur l'écrivain et son oeuvre.

Evidemment, on peut citer un écrivain inconnu aussi bien qu'un autre, plus connu ou carrément célèbre. Tout est fonction de goût, de ressenti, de feeling ...

S'il vous arrive d'aller sur des sites d'édition en ligne et d'y repérer un roman (ou un ouvrage) non édité mais qui vous a accroché, n'hésitez pas : citez son auteur !

Enfin, comme les fils finiront par descendre, n'hésitez pas non plus à les remonter si vous dénichez un nouvel écrivain ou un nouveau site qui vous convienne. Plus on en connaîtra et plus on aura de lectures.

Aujourd'hui, je commencerai très simplement par Emile Zola.

Que dire de Zola ? Qu'il ne parvint jamais à passer son bac sous le motif pour le moins étonnant qu'il avait une orthographe défaillante. Que c'était un gros travailleur dont la devise : "Pas un jour sans une ligne" - je vous la donnerai en latin un autre jour qu'un lundi - a de quoi faire frémir. Qu'il avait pour ambition d'être l'égal de Balzac et que, ma foi, il y a réussi même si les thèses comportementales qu'il met en avant dans ses célèbres « Rougon-Macquart » ne tiennent plus la route. Et que, quoi qu'on puisse penser de son oeuvre, on ne peut que s'incliner devant le courage exemplaire dont il fit preuve lors de l'Affaire Dreyfus.

Sur un plan purement littéraire, on lui reproche son style de fresquiste qui accumule les détails dans une espèce de boulimie orgasmique. Pour beaucoup d'ailleurs, Zola n'a pas de style. D'où vient alors qu'on reconnaît ses textes au premier coup d'oeil ? :shock: Avez-vous remarqué par exemple que, probablement par ce qu’il se méfiait de ses talents de dialoguiste, Zola est un adepte extasié du dialogue indirect ? Et un grand maître en sa partie !

On lui reproche aussi - moi la première - l'absence d'explications psychologiques sur les actes de ses personnages. Qu'importe : en dépit de tout et à de rares exceptions près - je pense aux héros du "Rêve" - ils crèvent tous l'écran. Comment oublier en effet la petite Miette ("La Fortune des Rougon") ; le flamboyant Aristide Sacquart ("La Curée - L'Argent") ; Melle Saget, trop avare pour se nourrir d'autre mets que les restes des Halles ("Le Ventre de Paris") ; Gervaise bien sûr (("L'Assommoir") et sa fille, Nana, qui revient mourir de la petite vérole à Paris alors qu’éclate la guerre franco-prussienne de 1870 ; l'émouvante Pauline Quenu ("La Joie de Vivre"), l'un des plus beaux personnages de femme que Zola a jamais dessiné ; et Octave Mouret ("Pot-Bouille" - "Au Bonheur des Dames"), cynique et brillant ; et Jacques Lantier dans "La Bête Humaine", seul psychopathe pur et dur de Zola ? ...

Et encore, j'en ai oublié.

Comme j'ai oublié de mentionner toutes ces descriptions somptueuses : celle de l'ancien cimetière Saint-Mittre, celle des Halles de Paris sous le Second Empire ... Et la minutie avec laquelle Zola nous dresse le portrait du demi-monde ou de la Bourse parisienne ...

Selon Anatole France, à qui revint la charge de prononcer son discours funèbre, "Emile Zola fut un moment de la conscience humaine."

Cela, oui, il le fut. Mais il fut aussi et bien avant un romancier-né qui porta au jour tout un monde que l'on est toujours émerveillé de retrouver sur les rayons de sa bibliothèque.

Sur Zola, le très beau site que lui a consacré la BNF :

http://expositions.bnf.fr/zola/

Celui-ci, également, plus modeste mais conséquent :

http://www.cahiers-naturalistes.com/pages/biotxt.html

et enfin ce dernier, qui m’a paru intéressant notamment parce qu’il pose en deux phrases l’essentiel de chaque tome des « Rougon-Macquart » :

http://www.geocities.com/Athens/Forum/3723/zola.html

oui, Zola, un ecrivain qui a bien su montrer l'importance de l'ancrage social et les données de l'heredité.

Sans doute s'est il appuyé sur des theoris aujourd'hui dépassées (le traité d el'herdité du docteur Lucas, notamment) mais cette tentative d'explication du phenomène humain -lui aurait dit d'experimentation , est très interessante.
Et il ya le plaisir de lire des histoires captivantes. on y viendra dans litterature francophone. mon préféré "la bête humaine". le plus triste a mes yeux l'oeuvre.
Et vous ? )

Je suis d'accord avec Rotko pour dire que L'Oeuvre est le plus triste des Zola. Mon préféré est toutefois Au bonheur des Dames (pour une fois qu'il y a un Zola qui fini plutôt bien!).

Dans les auteurs en Z, je propose Zweig.
Stefan Zweig est né à Vienne dans les années 1880.
Fils d'industriel, il est passionné par la littérature française (il traduira de nombreux poêtes puis romanciers français). Toutefois, il ne voit d'abord l'écriture que comme un moyen d'exaltation de la vie, un moyen d'en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible.

Par la suite, après de nombreux voyages en Europe (Florence, Paris...), puis en Amérique et aux Indes, il commence à rédiger ses propres nouvelles. Parmi les plus célébres, nous trouvons Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, Amok et Le Joueur d'Echecs.

Le Joueur d'Echecs racconte l'histoire de Czentovic, champion d'échec et de M.B. Ce dernier fut fait prisonnier durant la WWII. Isolé, il réussit à dérober un manuel d'échecs à un officier. Il va ainsi apprendre à jouer mentalement, en imaginant son échiquier. Après sa libération, il rencontre Czentovic à qui il se mesure et qu'il bat. Ce dernier veut alors prendre sa revanche sur M.B. ...

Zweig, particulièrement marqué par la montée du nazisme (il est d'origine juive) émigre en Angleterre puis au Brésil. Il se suicide en même temps que son épouse le 22 février 1942.
Il a laissé cet ultime écrit :

"Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même.
Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde.
Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."

Stefan Zweig, Pétropolis, 22-2-42

Arkenghels a écrit:

Le Joueur d'Echecs racconte l'histoire de Czentovic, champion d'échec et de M.B. Ce dernier fut fait prisonnier durant la WWII. Isolé, il réussit à dérober un manuel d'échecs à un officier. Il va ainsi apprendre à jouer mentalement, en imaginant son échiquier. Après sa libération, il rencontre Czentovic à qui il se mesure et qu'il bat. Ce dernier veut alors prendre sa revanche sur M.B. ...

oui, le joueur d'echecs
Un court récit posthume, paru un an après le suicide de Stefan Zweig en février 1942. Le joueur cultivé, brillant mais vulnérable, mal préparé, représente pour une part l'intellectuel face à la barbarie triomphante.
Perspicace, il prévoit les difficultés à venir, mais est-il en mesure de s'y opposer ? On ressent une angoisse devant cette partie mortelle où le barbare fait des attaques ad hominem, tandis que l'autre essaie, à ses risques et périls, de s'opposer à une effrayante machine de guerre. Assistera-t-on à la défaîte de l'intelligence ? Ce livre est un cri de désespoir, personnel et collectif, devant le nazisme triomphant, cri aisément transposable à tous les totalitarismes.

Un site
www.stefanzweig.org/
Il y a aussi Stefan Zweig, Les prodiges de la vie, in L'amour d'Erika Wald, recueil de nouvelles. Belfond
L'Annonce faite à Esther.(!)
A Venise, un jeune dévergondé reçoit, d'entre les bras d'une "professionnelle du péché", une invitation à rentrer chez lui.... et dans le droit chemin. Devenu riche commerçant à Anvers, il recrute un peintre pour complèter le dyptique pour l'autel qu'il consacre à la Madone. Le peintre trouve un excellent modèle avec une jeune Juive rescapée d'un pogrom.
Le récit raconte à la fois la création d'un tableau et l'initiation d'une jeune fille qui, de sauvageonne, devient une adolescente découvrant le désir et les sentiments affectueux. Mais l'époque est troublée - c'est le 16é siècle, et aux processions catholiques succèdent bientôt les émeutes protestantes iconoclastes.
Cette nouvelle est pleine de vie, reflétant bien le contexte historique et pictural. On peut y voir les prodiges de la vie et les signes de Dieu. Le grand Freud trouverait - faisons-lui confiance, dans des images et des thèmes récurrents, de délicieuses ambiguïtés.

et fritz Zorn : Mars ou l'histoire d'uncancer, vous connaissez ?

Roger ZELAZNY découvert par "Galaxie" en 1969, s'est imposé comme un auteur de premier plan avec ses variations sensibles et brillantes sur des thèmes connus:<< relations entre humains et extra-terrestres, immortalité , monde post-atomique. Possède un talent trop varié et une créativité trop originale, pour qu'un classement avec les représentants de "la nouvelle vague" de la S.F, dans les années 70, suffise à le décrire.>>
Une courte nouvelle, "Les autos sauvages", pour illustrer la force d'invention dramatique de cet auteur: Nous sommes dans une époque post-atomique où les voitures ont évolué vers une automatisation poussée à l'extrême. Celle de Murdock << avait été conçue pour donner l'impression d'être une insouciante conduite intérieure --clinquante, rapide, rutilante. Mais des roquettes étaient dissimulées sous les renflements de son capot et deux canons de 50 étaient tapis, hors de vue, dans l'évidement ménagé derrière les phares. Elle portait en guise de ceinture un chapelet de grenades réglées sur cinq et dix secondes et, à l'intérieur du coffre, était logé un réservoir à compression contenant un naphtaloïde volatil.Car Jenny était un piège ambulant spécialement construit (pour son conducteur) par l'Archi-Ingénieur de la dynastie de Geeyem, dont l'empire s'étendait très loin vers l'est, et ce grand maître-d'oeuvre avait fait appel à toutes les ressources de son génie...>>.
Ce bijou de technicité aidera Murdock à débarrasser la plaine de "La Diabolique",
<< Une vénérable Cadillac noire, sortie des chaînes de montage une année où les apprentis ingénieurs voyaient grand. Elle était énorme. Un crâne ricanait derrière le volant. Sa noire carrosserie était éclatante de chromes; ses phares ressemblaient à de sombres joyaux, à des yeux d'insecte. Chaque plan, chaque courbe trahissait sa puissance, et son train arrière en forme de queue de poisson avait l'air d'être prêt à fouetter à tout instant la mer d'ombre qui s'étendait derrière elle lorsqu'elle se ruerait dans un élan meurtrier....>>
Avec le concours des "Chefs-d'oeuvre de la Science-Fiction" Editions Planète 1970

rotko a écrit:

et fritz Zorn : Mars ou l'histoire d'uncancer, vous connaissez ?

j'en ai beaucoup entendu parler, notamment par une proche qui analysait son cancer de lamême manière, c'est pourquoi je n'ai pas eu besoin de le lire, trop bouleversé par ce que j'entendais.

Voir http://oeil.electrique.free.fr/chronique.php?numero=23&articleid=95&rubrique=4livres

Est-ce qu'il y a le droit de dire Zénon d'Elée, c'est celui qui disait qu'Achille ne rattraperait jamais la tortue parce que lorsqu'il arriverait à l'endroit où est la tortue quand il la regarde devant lui, et bien lorsqu'il arrivera à cet endroit la tortue sera plus loin même si elle va lentement et ainsi de suite.

Il savait quand même que ça ne marchait pas ses paradoxes mais il aimait bien en sortir.

Val de Trèfle a écrit:

Est-ce qu'il y a le droit de dire Zénon d'Elée, [...]
Il savait quand même que ça ne marchait pas ses paradoxes mais il aimait bien en sortir.

mais je ne crois pas qu'il ait ecrit lui-même !

"Zenon, cruel Zenon
la fleche vole et ne vole pas "
ses paradoxes ne marchaient pas,mais Bergson, dans un eclair de bon sens disait qu'il suffisait de marcher pour les reduire a rien.

un bon point pour val de trefle, qui pose la question de la transmission des pensées de Zenon d'Elée )

je propose michel Zevaco, l'auteur un peu oublié de Pardaillan !
un site http://www.rabac.com/demo/ELLIT/aut-20e/Zevaco.htm
ou mieux
http://membres.multimania.fr/adventur/auteurs/france/zevaco/Zevaco.htm

une femme écrivain de talent qui résiste à l'islamisme de kaboul

Spojmaï Zariâb,

voir le site

http://www.unesco.org/courier/2001_03/fr/dires.htm

et le fil litterature étrangère, ici