Claude Pujade-Renaud, Au lecteur précoce, Actes Sud.
14 nouvelles.
écriture précise, souffrance diffuse, variété de tons.
Entrée :
"Mourir à petite pluie" : au bord de la mer, deux femmes "abandonnées", deux belles-soeurs, poursuivent leur monologue. Le ciel est un peu gris, et les sensations restituent une atmosphère de marée basse. Regard par la fenêtre : "Depuis l'enfance, Aline est habituée à ces silhouettes discrètes glissant sur fond de mer. Certains jours arc-boutées contre le vent. Réduites, parfois, à de minces guillochures striant sur la brume. Sur ce passage, elle n'a pas plus de prise que sur les marées. Un exode calme, sporadique, qui lui paraît appartenir à l'ordre des choses. Peut-être la ville sur leur gauche se vide -t-elle en un lent goutte-à-goutte, dans combien de temps sera -t-elle exsangue, ville morte ? Quant à la falaise, elle s'érode et recule chaque année de quelques centimètres."
On pense à des absents dont la photographie gêne le regard. Insomnies, souffrance diffuse, liens tus, interdits suggérés...
Petites bouchées:
"Une odeur à frechin". Hélène accompagne Gerard dans une maison de son enfance, dans le Quercy. Elle le decouvre sous un jour nouveau, presqu'etranger, jusqu'aux mots qu'il emploie...
"Mamanmatante": ces mots qui reviennent, dans l'étreinte !
"Une halte" : "Imprévu ce dérapage : Céline à la place de Cécile[...]Adrien peut comprendre que Cécile n'ait pas apprecié le glissement d'un prénom à l'autre",...
Dessert :
"Au lecteur précoce", la nouvelle-titre, introduit avec humour dans la tête d'un auteur qui s'ennuie à faire des dedicaces... quand on lui en demande. Pastiches et moqueries, situations cocasses, lieux communs et bourdes, le ton est varié et savoureux.