J M Coetzee, En attendant les barbares, Le Seuil.
202009634.X
L'Histoire, cette tragédie !
Le poste frontalier qui donne sur le désert des barbares est administré par un magistrat civil. Bientôt arrive le representant militaire du Gouvernement, chargé d'une mission officielle : vérifier que les barbares préparent une offensive, et soumettre les prisonniers à la question. Entre les deux hommes naît une collaboration officielle, même si le magistrat civil se doute que le prétendu complot repose sur des mensonges et des méprises évidentes. Qu'est-ce qui peut justifier les interrogatoires et les supplices des prisonniers "barbares"?
Le récit est celui du magistrat civil, complice lâche et silencieux, mais tenaillé par la mauvaise conscience. Il a pour servante-maitresse une jeune barbare, mutilée, avec laquelle il entretient des rapports mêlés de culpabilité, de curiosité, et d'impuissance...
Les rumeurs, entretenues officiellement, justifient des offensives militaires contre des "ennemis" invisibles. La peur et les cauchemars saisissent la population, transforment des conscrits en spadassins, pendant que le pays se ruine et détruit jusqu'à son cadre de vie.
Coetzee propose une histoire angoissante des rapports entre différentes populations ; Il crée un univers d'incompréhensions fondamentales, où règnent le conditionnement des masses, et la destruction impitoyable de la personnalité.
Cette fable politique (1980) d'un écrivain d'Afrique du Sud - prix Nobel 2003, se prête à de multiples rapprochements et interprétations, qui dépassent de loin les clichés ideologiques convenus.
J'avais cru voir un post sur le désert des tartares, mais je ne le retrouve plus. Dommage car j'adore les nouvelles de Buzzati