ARTEFACT

ARTEFACT
Franco Bernino

A six mois des élections, François Leprince, premier Ministre issu du Parti de la Solidarité, a beaucoup de problèmes. L’électorat se moque du futur scrutin. Le citoyen se désintéresse de la politique. Face à lui, Benoît Lardent, secrétaire général du Parti de la Responsabilité, le talonne dans les sondages. Leprince et ses conseillers font appel à Constance Nicollet, consultante chez Doxia, institut en sciences sociales. Durant un Reality Show mené par un prince de la télé Casini Carlo, un informaticien se révèle être la synthèse parfaite, dans ses aspects objectifs et subjectifs, de l’opinion publique.

Mais l’expérience échoue : Avraige ne sera pas l’Artefact ! Il deviendra jardinier…

Bernino dynamite avec un humour féroce notre société si policée. Il raconte en mode mineur, dans un style rassurant une histoire de gens comme les autres. Il fait exister un univers où les activités humaines sont souvent marquées du sceau de l’absurde. Au centre de « Artefact », il a placé un personnage banal. Il l’observe de l’intérieur avec beaucoup de précision et le charge de nous raconter des événements qu’il subit sans jamais pouvoir les régenter. Sa vie se déroule dans une sorte de flou privé de signification. Il est là, il pourrait être ailleurs, il rencontre des gens qu’il ne connaît pas mais qui lui sont familiers et qui tous, d’une certaine façon, lui ressemblent. Les uns et les autres forment une humanité, trop absorbée par le hasard pour prêter attention aux coups de cymbale de l’Histoire. Franco Bernino est un excellent observateur. Il décrit ce qu’il voit par le menu, sans se priver de sourire. On peut supposer qu’il éprouve un peu de tendresse pour ces gens encombrés par le doute et par une forme douce d’indifférence. Les actes les plus élémentaires de notre quotidien tiennent une grande place dans ce livre.

L’auteur reprend des thèmes sociétaux, mais il s’intéresse plus à la politique et aux médias, ainsi qu’à la place que ces derniers définissent à l’Homme. Les sciences sociales sont vulnérables par le côté magique que lui prêtent ses utilisateurs. Ce roman a quelque chose de déroutant par le style tellement classique, à la précision fluide, dans lequel Bernino relate les tribulations de François Avraige.

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