"Elégies de Chu" de Qu Yuan
Il est le premier poète chinois connu (vers 343 - vers 279 avant J.C.)
Pour exprimer ses sentiments, le poète a recours aux images de la nature. Les plantes et les pierres, mais aussi les animaux.
C'est toujours une poésie de second degré où ce que Qu Yuan décrit renvoie à ce qui se cache dans l'image dépeinte. Une autre caractéristique est le mélange des genres : les thèmes erratiques se mélangent aux thèmes érotiques. La quête spirituelle est fréquemment une quête amoureuse et réciproquement.
"En songeant à ma belle,
Debout j'essuie mes larmes, j'ai le ragard figé,
Séparé de l'amie par une route obstruée...
Et tous ces miens propos, je ne lui peux porter.
Les regrets, les souffrances dus à mon franc-parler,
Tombé disgracié, ne les exprime plus.
Jusqu'à l'aube je voulais lui dire mes sentiments;
Mon ardeur s'étiola et je n'y parvins pas.
Voulant confier mes mots aux nuages flottants,
Je rencontrai Fenglong, mais il ne les prit point.
Aux oiseaux migrateurs voulus donner mes vers,
Mais il nuitaient si haut! Ne les atteignis guère.
Le génie de Gaoxin, en toute sa splendeur,
Trouva l'oiseau obscur qui lui fit cette faveur.
...
Qu Yuan, accablé par la trahison d'un homme, et ne trouvant pas de compagne, affligé de ne rencontrer aucun sage pour le comprendre, se suicida en se laissant engloutir, chargé de sable, dans l'intimité de l'eau par une nuit lunaire. Après sa mort, il devint un mythe.