J B Pontalis,[ un psy :-)]

J B Pontalis, L'enfant des limbes, Gallimard
2070753735
La pensée rêvante.

Tombée en désuetude, l'idée religieuse des limbes a été émise en réaction contre les propos définitifs et insupportables e "Saint"Augustin pour qui le péché originel non lavé par le baptème entraînait nexorablement la chute dans les enfers. On concéda donc que les enfants morts, sans avoir été baptisés, seraient admis dans une zone intermédiaire, "lieu d'attente éternelle".
Ce qui éveille chez Pontalis de courts textes de rêves et de souvenirs. Intellectuellement et affectivement, ce concept, devenu purement métaphorique, lui convient :
"Il me faut des formes géométriques et des nuages, les brumes qui recouvrent les cimes des arbres à l'automne et les lignes nettes, les esquisses des peintres et les corps accomplis des sculpteurs. J'aime trouver les mots justes et être capable de bafouiller. J'aime les pensées vagues et la cohérence du discours, le mutisme de l'accusé et l'éloquence de l'avocat, l'heure entre chien et loup et les trains qui partent à la minute près."
Pontalis propose donc des réflexions personnelles sur des épisodes de la vie, des rencontres, des propos entendus.
Pour reprendre la belle formule de Kyoko à propos des "Fenêtres" de Pontalis :
"Ce sont des fenêtres qui permettent l'ouverture sur le monde extérieur, sur de nouveaux horizons, afin que les idées ne se muent pas en idées fixes. Des fenêtres pour ne pas rester enfermé dans une théorie, dans un concept".
Ces pages, qui auront aussi en nous des prolongements, s'appuient souvent sur des citations originales :

"Ceux qui vivront dans cent ans, dans deux cents ans après nous, pour qui nous frayons maintenantle chemin, est-ce qu'ils s'en souviendront, est-ce qu'ils auront seulement "un mot gentil" pour nous ?"
Anton Tchekhov, "Oncle Vania".