« La morte amoureuse », Théophile Gautier,Dans les « contes fantastiques » folio.
Un vieux prêtre met en garde contre les femmes et les machinations diaboliques. Il en parle d’expérience, car il a mené une double vie : celle d’un curé de paroisse pauvre, démuni et frustré, celle d’un gentilhomme libertin vivant dans le luxe et goûtant tous les plaisirs de la chair.
Voici un étrange effet de zoom, où le narrateur, le jour de son ordination, substitue sa vision intérieure à la réalité extérieure :
" je levai par hasard ma tête, que j’avais jusque-là tenue inclinée, et j’aperçus devant moi, si près que j’aurais pu la toucher, quoiqu’en réalité elle fût à une assez grande distance et de l’autre côté de la balustrade, une jeune femme d’un beauté rare et d’une magnificence royale. »
Serait ce la beauté du diable ? le jeune prêtre quitte la ville … autre effet d’optique :
« L’ombre d’un nuage couvrait entièrement la ville ; ses toits bleus et rouges étaient confondus dans une demi teinte générale, où surnageaient ça et là, comme des flocons d’écume, les fumées du matin. Par un singulier effet d’optique, se dessinait, blond et doré sous un rayon unique de lumière, un édifice qui surpassait en hauteur les constructions voisines, complètement noyées dans la vapeur ; quoiqu’il fût à plus d’une lieue, il paraissait tout proche. On en distinguait les moindres détails ; les tourelles, les plates-formes, les croisées, et jusqu’aux girouettes en queue d’aronde. » Dans le Michelin du fantastique, Gautier mérite le détour J