Franz Bartelt

Franz Bartelt, Charges comprises, Gallimard
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Drôle de couple !

"Deux personnes mal à l'aise se rencontrent et elles en profitent pour pour passer le temps en se laissant aller l'une à l'autre, sans conséquences".
Elle est grosse et boulimique, et elle occupe le devant de la scène. Lui, maigre et timide, est obsédé par l'alcool auquel il vient de renoncer. Il écrit de vagues romans, des policiers, car sa vie n'est pas reluisante. Elle ne lit pas de romans, mais voudrait changer de vie.

Au début on est intrigué, on craindrait même une minute d'ennui. Mais juste le temps de se demander si on va les suivre, cet écrivain sans écriture, et cette grosse, "née difforme dans un monde de gens parfaits". Elle nous touche, par ses paroles directes, aimant la
"nourriture pour trouver un peu de bonheur. Sinon pourquoi j'aurais mangé ? Hein, pourquoi ? pas pour grossir, puisque j'étais déja grosse. Non, non, pour me sentir bien. La gueule, chez moi, c'est ce qui fonctionne le mieux. Sans vouloir être vulgaire : quand je mastique, je m'astique..."
Bartelt a des bonheurs d'écriture. L'écrivain ?
"Il avait toujours eu l'envie de partir. Mais il n'avait jamais eu de raison de s'en aller".
De temps en temps l'auteur joue agréablement avec le lecteur, mais l'essentiel est qu'on emboite le pas à ce couple burlesque, attendrissant, tonifiant et drôle.

Bartelt Franz, Les bottes rouges, gallimard.
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Un magasinier héroï-comique.
Le narrateur est le pragmatique voisin d'une magasinier idéaliste. Ce dernier, fort imbu de sa fonction, a cédé aux charmes d'une stagiaire bien équipée pour les aventures amoureuses. Hélas, l'épouse omnisciente châtie l'adultère à la mesure de son crime, avec les raffinements inventifs d'une femme publiquement humiliée.

La verve de l'auteur se déploie sur le front des opérations : Basile l'infidèle va devenir l'époux jobard, que la bétise grandit jusqu'à l'héroïsme. Culpabilisé, repentant et soumis, il ne trouve du réconfort que dans les propos scandaleux de son voisin, et dans ses propres monologues où l'attirance d'une vie meilleure reflue devant les nécessités conjugales.

Hanté par la trahison dont il s'est lui-même rendu coupable, il s'effraie des possibles dérives de son épouse, et rêve d'une ceinture de chasteté à toute épreuve.

"Il imaginait des modèles munis d'électronique, et qui, par radio, déclencheraient l'intervention des agents de la force publique et du mari. Certains modèles pourraient être équipés de sirènes puissantes, voire de pièges mécaniques comme ceux qui faisaient, autrefois, la fierté de leurs inventeurs et qui se trouvaient constitués d'un tranchoir monté sur ressorts agissant à la manière d'une guillotine.

Comme disait le poète:"..Le serpent, au milieu de l'ardeur qui l'anime,
Se voit la funeste victime
Des rasoirs échappés, et cet endroit si beau,
Trône de ses plaisirs, en devient le tombeau".

En général, la poésie le laissait de glace, mais ce quatrain qu'il se récitait parfois avec délectation contenait une morale qui lui faisait chaud au coeur."